Interview : Projet du Chien d’assistance au Tribunal de Bastia
Rendez-vous au Tribunal Judiciaire de Bastia, où un chien d’assistance vient assurer la sécurité et le bien-être des personnes en danger. Depuis les 3 dernières années, la présence d’un chien d’assistance dans les tribunaux a démontré les bienfaits auprès de plus de 200 personnes, notamment des enfants et femmes victimes de violences. On vous dit tout en présence de Laurine Duquenne, Assistante de Justice au Tribunal Judiciaire de Bastia et de Frédérique Laplaneta, Directrice de Greffe au Tribunal Judiciaire de Bastia.
Le Chien d’assistance au cœur des tribunaux, un chien guide d’aide aux victimes
Bonjour Laurine & Frédérique, merci pour votre présence et votre témoignage ! Pourriez-vous vous présenter et nous expliquer votre projet lié aux chiens d’assistance ?
Nous sommes ravies de vous rencontrer et de vous parler de notre projet !
Le projet lié à la présence d’un chien d’assistance au sein du tribunal a débuté avec l’histoire du chien qui se prénomme Lol qui intervient dans le milieu judiciaire.
Plusieurs projets se sont développés au fur et à mesure du temps, récemment Monsieur le ministre de la Justice a validé le fait de déployer ce dispositif.
Nous avions évoqué au sein du tribunal judiciaire de Bastia, vouloir développer ce super projet également, nous sommes convaincus de l’efficacité de la présence du chien auprès des bénéficiaires.
Le projet suit son cours puisque nous avons envoyé notre dossier, et si tout se passe bien, en novembre, notre super “Dogteur” comme on aime bien l'appeler, devrait nous rejoindre, pour notre plus grand bonheur !
Quel est le partenariat que vous avez créé afin d’avoir un chien d’assistance, avez-vous une association ? Avez-vous eu des aides de l'État pour la mise en place de ce projet ?
Nous avons eu une aide de l'État à hauteur de 17 500 € pour bénéficier de la formation du chien avec Handi’Chiens (association nationale d’éducation de chiens d’assistance pour personnes handicapées), ce qui est génial, car il y a beaucoup de structures qui ne peuvent pas forcément en bénéficier.
Pourriez-vous nous expliquer l’importance pour les tribunaux d’avoir la présence d’un chien d’assistance judiciaire pour les victimes ?
Nous avons vu les bienfaits sur les bénéficiaires que procure la présence de l'animal en milieu judiciaire, ce qui peut être angoissant. On suivait la mise en place des dispositifs dans d’autres tribunaux petit à petit, on a informé notre projet en interne en déployant des affiches et de la communication.
Nous étions fiers de voir que petit à petit le chien n’est pas seulement au domicile, mais qu’il arrivait aussi dans le milieu public alors qu’on lui fermait souvent les portes des institutions.
C’est une belle avancée ! Nous avons fait notre projet de juridiction 2023, et peu de temps après, en février, il y a une convention quadripartite qui a été signée par Monsieur Eric Dupont Moretti.
Un référent formé qui assure le bien-être du chien d’assistance
Comment est-ce que l’animal est accueilli au sein du tribunal, est-ce qu’une formation est nécessaire ? Qui s’occupe de lui ?
Nous avons suivi une formation à distance pendant 3 jours sur le dispositif avec Handi’Chiens. Dans cette formation, il y a eu différents intervenants spécialisés dans l’éducation du chien.
Pour l’accueil du chien, tout d’abord, ils vont réceptionner notre dossier courant juin, ils vont faire une lecture et ensuite sélectionner les chiens qui pourraient convenir aux besoins en fonction de nos attentes pour venir en aide et soutien aux victimes. Nous devons rencontrer 3 loulous très prochainement. Les référents suivront une formation d’une semaine dispensée par Handi'Chiens avant remise officielle du toutou.
Comment votre chien d’assistance soutient les victimes ? Comment est-ce que l’animal accompagne les personnes en danger et dans quelles circonstances ?
L’animal va avoir son référent et hébergeur principal qui va s’occuper de lui. C’est un délégué du Procureur qui intervient sur les alternatives aux poursuites, qui était très intéressé pour s’occuper de notre futur compagnon !
La personne se rendra disponible pour l’amener sur site autant dans le Palais de justice que dans des structures partenaires, que ce soit la gendarmerie, le commissariat, l’unité médico-judiciaire…
L’idée est qu’on ait quelqu'un qui puisse héberger notre chien d’assistance, l’amener sur site et le confier aux magistrats ou aux gendarmes en fonction des besoins. On aura un référent secondaire, pendant les vacances de son référent principal afin que le chien puisse rester sur site.
L’idée est de s’assurer que quelqu’un pourra dans tous les cas conduire le chien et rester avec lui, y compris le temps d’une audience ou d’un procès d’assise.
Concernant la mise en place de son accueil, l’animal aura un lieu de vie dans le tribunal pour ses temps de repos. Nous avons la chance d’avoir un jardin avec un extérieur très agréable pour que l’animal puisse se reposer, mais aussi des pièces équipées pour lui pour qu’il soit tranquille. Petit à petit, nous nous sommes organisés pour lui trouver du mobilier adapté à ses besoins, des tapis, des jouets, des friandises…
Comment allez-vous organiser ses journées ?
Nous avons évalué son temps de travail et nous lui avons fait un petit planning pour savoir à quelle fréquence, notre animal serait sollicité. En fonction des affaires et de la sensibilité des dossiers, il y aura des moments plus importants que d’autres. On a fait une estimation d’un temps de travail de 168 jours sur l’année. Nous avons à cœur de lui apporter le meilleur et de l’accompagner avec bienveillance et respect de ses besoins quotidiens.
Le Chien d’assistance judiciaire accompagne et apaise les victimes tout au long des auditions
Est-ce une nécessité pour vous que l’animal accompagne des personnes vulnérables ou bien la victime peut en faire la demande librement ?
Le Juge peut au préalable faire la demande d’accompagnement avec notre chien d’assistance suivant le cas de l’affaire. On demande toujours l’accord aux victimes parce qu’il est possible que certaines personnes n’aiment pas la présence d’un animal.
L’idée est que les avocats puissent aussi en faire la demande en fonction de la personnalité de leurs clients où de ce qu’ils en savent. La CORSAVEM (Corse Aide aux Victimes Et Médiation) - qui est la déclinaison locale de France Victime - peut aussi en faire la demande en fonction des dossiers.
Concernant la gendarmerie ou le commissariat, c’est à eux de faire appel à nous en fonction de leurs besoins et des auditions qu’ils ont à mener.
Savez-vous quels seront les bienfaits de l’animal auprès des victimes ?
Il faut savoir que plusieurs personnes sont très enthousiastes au projet et à l’arrivée de notre chien. Une fois qu’il sera sur place, les bienfaits seront justement devant leurs yeux, donc les victimes auront envie de découvrir l’assistance par le biais de ce nouveau compagnon.
L’animal peut vraiment réussir à créer un lien fort et surtout un sentiment d’apaisement et de calme. Les victimes pourront se sentir un peu plus en sécurité grâce à notre futur compagnon.
Mais on pense avant tout au bien-être de l’animal avant qu’il n’aide les autres, il faut qu’il soit bien dans ses pattes pour pouvoir faire son travail tranquillement.
Pourriez-vous dire quelques mots à nos lecteurs sur ce bel engagement tenu par le Tribunal Judiciaire de Bastia ?
Nous sommes absolument ravies de pouvoir accompagner les personnes en difficulté avec ce nouveau loulou qui va leur permettre de mieux se sentir et de moins appréhender le passage au tribunal ou dans d’autres structures. Merci à Zoomalia de nous accompagner dans ce beau partenariat et dans ce projet !
Pour faire court ;) Le chien d'assistance n’est pas seulement un chien guide au quotidien pour les personnes en situation de handicap. Il est aussi un compagnon qui rassure et apaise le stress des humains, la parole en moins, avec un calme olympien et une présence indispensable pour les enfants et les adultes victimes. Souhaitons de tout cœur à Laurine et Frédérique de réussir avec brio leur projet sur le chien d'assistance au tribunal de Bastia. Suivez leurs actualités sur le site de la cour d'appel de Bastia.