Protection animale : Interview de Célia, enquêtrice pour animaux

Il faut courage et ténacité pour s’engager dans la protection animale des chiens, des chats et des nacs au quotidien. Certaines vocations sont innées, d’autres émergent après un déclic, une prise de conscience ou de la maturité.
Célia était déjà prédisposée à aider son prochain, l’animal et son humain. Sa passion et son engagement pour les animaux vient de sa famille, et ce n’est pas par hasard qu’est née sa belle destinée d’enquêtrice pour animaux. Sa rencontre avec ses compagnons à quatre pattes, ses nombreux épisodes anecdotiques et sa confrontation avec la maltraitance animale font que Célia mène aujourd’hui un combat de longue haleine ponctué de petites victoires…
À sa manière, elle influence positivement les mentalités et le comportement de l’Homme à l’égard des animaux sur la stérilisation, l’adoption, l’éducation, le renforcement positif, la bienveillance, la sensibilité des animaux, les soins vétérinaires…
Son action sur le terrain se résume à l’information et au secours animalier et non au jugement de valeur. D’ailleurs, dans cette belle interview, Célia recommande la bonne attitude à adopter si vous êtes témoin de maltraitance sur un animal. Elle vous incite à vous rapprocher des professionnels animaliers et des organisations pour la cause animale. En dehors de son métier, elle nous partage aussi ses bons moments en compagnie des animaux de sa vie. De quoi s’en inspirer et profiter pleinement de multiples activités homme/animal dans le respect du bien-être animal. Interview exclusive de Célia, notre douce détective élémentaire pour animaux !

Bonjour Mathilde, en effet, j’ai une belle petite meute ! Alors ce que je peux dire, c’est que c’est déjà une histoire de famille. En effet, j’ai un papa qui est également passionné par les animaux et qui m’a beaucoup aidé pour les sauvetages, la protection animale, et qui a donc lui aussi pas mal d’animaux sauvés de maltraitance.

Concernant ma petite troupe à moi, le premier à m’avoir rejoint est Duccio, un labrador redfox que j’ai eu à 2 mois ½. Il a aujourd’hui 4 ans et c’est grâce à lui que j’ai découvert la passion de la randonnée, du caniVTT, mais aussi la passion de la photographie. Avec un si beau modèle, on ne peut qu’aimer prendre des photos.

Duccio est un chien qui m’a énormément aidé dans nos sauvetages, il est très tolérant avec les chiots et les chiens en général, il leur apprend les codes tout en étant très patient, c’est un peu la force tranquille de la meute. Cependant, c’est un chien qui est très peureux de l’humain, ce qui m’a poussé à m’intéresser à l’éducation et au comportement canin, et je peux dire que c’est vraiment devenu une de mes passions aujourd’hui.

Enfin, j’aimerais ajouter que c’est un labrador en effet, mais c’est une lignée de travail, beaucoup plus répandue dans les pays anglophones qu’en France ! Ce n’est pas un chien de canapé, ni un gros mangeur, mais c’est quand même un labrador ! :)

6 mois après son arrivée, je suis tombée sur l’annonce d’un chaton sauvage. Une chatte sauvage avait mis bas dans une grange et est né un petit chaton, Mimouz, qui a ensuite rejoint la famille à son tour ! C’est un chat-chien, le plus doux, le plus tolérant et le plus gentil de tous ! Il y a 1 an, nous avons failli le perdre… Il s’est fait renverser par une voiture et ses os ont été brisés par dizaines… une véritable épreuve pour nous ♥

Aujourd’hui, tout va bien, il n'y a aucune séquelle de ce traumatisme et on profite de chaque instant !

2 ans après, je tombe par hasard sur l’annonce d'une dizaine de chats à donner… Cette annonce m’intrigue et je décide d’aller voir sur place. Je découvre alors une ferme avec une vingtaine de chats à l’intérieur, tous sauvages… Je me décide alors à essayer d’attraper les chats, afin d’en faire stériliser le maximum. Malheureusement, n’ayant pas l’aide d’associations ou de refuges aux alentours, j’arrive à n’attraper qu’un chat !

Cette femelle, totalement sauvage, rejoindra ainsi la famille, sous le doux nom de Noun. Les semaines suivantes, elle deviendra très câline et proche de chacun d’entre nous. J’aime dire que c’est l’âme sœur de Mimouz, car on ne les voit jamais l’un sans l’autre ! ♥

Enfin, terminons par la petite dernière, Lona, petite husky de 8 mois, et qui m’en fait voir de toutes les couleurs parfois ! C’est une chienne très expressive, très intelligente, et a contrario de Duccio, qui adore le contact humain, même un peu trop…

Voilà ma petite meute, tous aussi différents les uns que les autres, mais tous complémentaires. Ils m’apportent énormément de choses au quotidien, et je ne me verrais plus sans eux dorénavant !

J’ai toujours baigné dans le monde de la protection animale. J’étais la petite fille qui s’arrêtait dès qu’elle voyait une petite bête en mauvais état au bord de la route, ou la première à essayer de sauver la souris que le chat avait attrapé :)

En grandissant, et en ayant pris mon indépendance, j’ai voulu être famille d’accueil. Ma première expérience m’a marqué et je pense que ça a été le déclic de mon dévouement à cette cause.

Pendant quelques années, j’ai été famille d’accueil et bénévole, tout en faisant des petits sauvetages de mon côté, sans passer par des refuges ou associations. Je faisais mes petites enquêtes, je négociais avec les propriétaires pour récupérer les animaux, et je me chargeais de les replacer dans de nouvelles familles.

C’est ça qui m’a donné envie de continuer mon combat en devenant enquêtrice officielle pour une association. 

Aujourd’hui, je suis effectivement enquêtrice auprès de l’association Stéphane Lamart, où j’ai la responsabilité de prendre connaissance des conditions de vie des animaux, et de prendre la décision de les retirer aux propriétaires ou non.

Aujourd’hui, les gens me connaissant de plus en plus, je reçois des appels très souvent pour signaler des cas de maltraitance. Je me rends donc sur les lieux, je prends des informations auprès du voisinage, prends compte de l’état des animaux et je déclare maltraitance ou non.

Un sauvetage ne se passe jamais de la même façon, et on ne sait jamais à quoi s’attendre. Même si tout est bien organisé, on ne connaît pas la réaction des animaux, du propriétaire, on ne sait pas s' il y aura d’autres animaux à prendre en charge, etc.

À côté, je travaille dans le médical, donc j’ai l’habitude de travailler avec l’humain, ce qui est très utile quand on est face à des réactions excessives de la part des propriétaires. C’est difficile dans certaines situations, mais je cherche d’abord à acquérir la confiance des propriétaires, en ne faisant jamais de jugement de valeur.

Pour la petite anecdote, j’ai été appelé un jour par une amie pour récupérer un chiot chez un agriculteur âgé. Arrivée là-bas, je me rends compte qu’il y a en fait plusieurs chiots, notamment une jeune chienne totalement sauvage. J’essaie de la récupérer en négociant avec le monsieur, qui faisait portées sur portées à ses chiennes tous les 6 mois.

Avec plus de 6 chiens à sa charge, le monsieur ne s’en sortait plus, les chiens étaient totalement traumatisés de l’homme, malnutris etc. Le monsieur refuse, je décide donc de ne pas forcer.

Quelques mois après, après avoir pris régulièrement de ses nouvelles, des nouvelles de ses chiens, je retourne pour effectuer un autre sauvetage. Et c’est alors que l’agriculteur me confie qu’il souhaite me donner la chienne si je le souhaite, car elle est trop “sauvage” et qu’il a confiance en moi à présent. Je n’ai pas réfléchi et j’ai accepté. 

Aujourd’hui, grâce à la confiance que j’ai instauré entre cet homme et moi, et malgré mes opinions le concernant, cette chienne a pu goûter à la vraie vie, et malgré un début très difficile, elle coule aujourd’hui des jours heureux dans sa famille ! ♥

Ce que je peux conseiller aux gens qui trouvent des animaux, c’est d’abord de se rendre dans une clinique vétérinaire, afin de vérifier s’ils sont pucés. Ensuite, il faut se tourner vers des associations ou refuges de la région, qui pourront recueillir l’animal. Enfin, si il y a un cas de maltraitance, je ne peux que conseiller de prendre un maximum de photos, vidéos, audios permettant d’appuyer les faits, et de faire un signalement auprès d’associations spécialisées dans la prise en charge d’animaux maltraités (APA, Stéphane Lamart, 30 millions d’amis...).

En effet, je ne pensais pas que mes vidéos auraient ému autant de personnes, et je suis très contente de voir que la défense de la cause animale prend de plus en plus d’ampleur dans notre société.

Concernant les sauvetages, je ne sais pas vraiment le nombre exact, mais il y en a eu des dizaines, ça va très vite quand on a des portées de chiots ou de chatons tous les 6 mois.

Actuellement, je suis bénévole chez l’APA - Action Protection Animale - enquêtrice au sein de l’association Stéphane Lamart, et j’aide également d’autres associations, telle - Les Resca’pets - basée sur Toulouse et Avignon. 

Cependant, je propose aussi mon aide à d’autres refuges et associations, en parrainant des animaux, en promenant les chiens ou en organisant des collectes ou cagnottes. J’essaie de travailler au maximum avec des associations qui placent les animaux en famille d’accueil. Pourquoi ? Car je pense que si les chiens sont en famille plutôt qu’en cage, le traumatisme est moins important et les séquelles au niveau comportemental bien moindre.

Concernant “l’après-sauvetage”, tous les chiens que je retire pour maltraitance/négligence partent en famille d’accueil et peuvent découvrir une nouvelle vie, au sein d’un foyer, entourés d’amour et de bienveillance.

Une fois que les chiens sont aptes à rejoindre une famille définitive, nous ouvrons les candidatures d’adoption et nous rencontrons plusieurs fois les familles avant le départ du chien. Enfin, il y a un suivi quotidien afin d’éviter les retours d’adoptions et cela permet d’accompagner et de conseiller au mieux les familles.

Oui en effet, j’ai été famille d’accueil plusieurs fois, autant pour des chiots, que pour des chiens adultes, des chats, des chevaux… et même des moutons :)

Comme je l’ai dit avant, c’est avant tout une histoire de famille. Mon papa, qui habite dans une fermette au cœur des Pyrénées, a d’ailleurs adopté plusieurs animaux sauvés in extremis de la boucherie. Victime de la balle d’un chasseur, il a d’abord accueilli Cannelle, jument de 5 ans, très sensible, et handicapée, puis quelques mois après la rejoint une petite brebis récupérée avant son départ à l’abattoir.

Quelques semaines après son arrivée à la maison, à l’aube, mon papa à eu la plus belle des surprises en découvrant un petit agneau. La petite brebis était pleine et nous ne le savions pas, c’est donc tout naturellement qu’il à décidé de garder cet agneau. ♥

Aujourd’hui, toute la petite troupe l’accompagne partout, et même dans ses projets cinématographiques.

Halaska, border collie de 11 ans, Canelle la jument, Mia la brebis et Neshama le mouton seront bientôt sous les feux des projecteurs. En effet, mon papa étant producteur et réalisateur, il les mettra en scène dans un prochain long métrage. À suivre donc… ;)

De mon côté, j’ai la chance d’avoir des animaux qui ont toujours apprécié le contact avec leurs congénères, ce qui a vraiment facilité l'intégration d'autres animaux au sein de notre foyer !

Après, chaque animal est différent, avec des problématiques aussi bien différentes, donc j’ai toujours essayé de m’adapter à chacun et de leur offrir l’environnement le plus agréable, afin qu’ils soient tous à l’aise.

Mais ce n’est pas de tout repos ! La première fois que j’ai été famille d’accueil, j’ai accueilli 3 chiots de 3 semaines, et oui… biberons toutes les 2 heures, jour et nuit. Et tout ce qui va avec ! :) J’ai pu aussi accueillir des chiens adultes, mais c’est plus rare, les portées de chiots étant en hausse constante.

Habitant à la campagne, les portées de chiots que je recueille viennent surtout d’agriculteurs anti-stérilisation. Malheureusement, la loi française fait que c’est très compliqué de retirer des chiens qui ne présentent que de la “négligence” de la part des propriétaires, ce qui fait qu’à part essayer de négocier directement avec le propriétaire pour faire stériliser les animaux, on ne peut pas faire grand chose de plus !

On me dit souvent de ne pas en faire autant, car les chiots, il y en aura tout le temps, et c’est bien ça le problème. Je ne pourrais pas refuser de prendre en charge une portée en sachant pertinemment que le propriétaire s’en débarrassera très lâchement et dans la souffrance.. Je ne peux pas fermer les yeux sur ça !

J’essaie donc de trouver des alternatives pour convaincre les propriétaires de nous faire confiance, de nous laisser stériliser les animaux, et ça paye ! Avec du temps, mais ça paye ! :)

Duccio est un chien très actif et qui est toujours là pour partir à l’aventure, c’est donc à son arrivée que j’ai commencé à m’intéresser à ces sports-là.

Le début du caniVTT a été très chaotique de notre côté. Pas le matériel adapté, juste une laisse à la main et un chien au bout, un vélo pas stable et me voilà par terre !

Nous avons surtout travaillé dans des endroits sans trop de passage de piétons, ou vélos, afin d’être au point sur certaines règles : “le pied” qui consiste à apprendre au chien à rester à hauteur de mon vélo pendant qu’il court, et le “go” pour qu’il avance.

Au départ, je voulais lui apprendre à être attaché à mon vélo, puis finalement, en voyant qu’il était plus à l’aise en liberté, j’ai abandonné cette idée et j’ai approfondi l’apprentissage en liberté.

Aujourd’hui, je lui laisse beaucoup de liberté lors de nos balades en VTT, je le laisse aller devant, derrière, à droite, à gauche, mais je tiens à ce que les règles restent claires pour lui, question de sécurité.

J’ai remarqué qu’en écoutant ses envies et en ne lui en demandant pas trop, il était beaucoup plus attentif à mes demandes, ce qui est très agréable.

Cependant, concernant le canicross, nous avons aussi pratiqué l’apprentissage en traction, et il se trouve qu’il apprécie énormément ce mode de fonctionnement ! Donc, on alterne liberté et traction, et ça nous convient très bien ! :)

Je pense avant tout qu’il est nécessaire d’écouter nos chiens, si les activités ne leur conviennent pas, inutile de forcer, sauf si l’on veut abîmer la relation de complicité avec eux. C’est avant tout un partage où le chien et le propriétaire apprécient le moment.

Concernant Lona, la petite husky, j’attends la fin de sa croissance pour commencer la traction, donc pour le moment, on se concentre sur la désensibilisation aux différents outils et on commence l’apprentissage des règles ! :)

Comme je le disais auparavant, je pense que la première chose est de s’assurer que l'activité est adaptée au chien. Est-il à l’aise ? Est-ce que l’intensité est trop forte ou pas assez ? Sa croissance est-elle finie ?

De nombreuses questions sont à se poser selon moi pour trouver le bon équilibre. Les points importants portent aussi sur l’alimentation et le matériel utilisé. L’alimentation est la source d’énergie du chien, il faut donc lui trouver un régime adapté et qui comblent tous ses besoins nutritifs. Il existe aussi des compléments alimentaires qui permettent de renforcer votre chien.

Concernant le matériel utilisé, pour le canicross ou la randonnée, il faut faire très attention à la forme des harnais, mais aussi à la taille. Les effets d’un mauvais matériel peuvent entraîner de lourdes séquelles sur le corps de votre chien, il faut donc y faire très attention !

Je n’ai pas vraiment d’anecdotes qui me viennent en tête, mais quand je croisent des gens, on me prend souvent pour une Alien venu d’une planète lointaine ;)

J’ai un labrador qui ne ressemble pas à un labrador, qui n’est pas un chien de canapé, qui n’est pas un gros mangeur, qui mange de la viande cru tel un animal sauvage et qui est un mâle entier qui s’entend très bien avec les autres mâles ;)

Ah oui et j’ai aussi une husky qui se balade toujours en liberté depuis ses deux mois, et qui ne fugue pas ! Chez moi, AUREVOIR les stéréotypes !

J’aimerais dire que nous avons tous un rôle à jouer sur cette terre. J’ai choisis de défendre la cause animale et c’est peut être aussi votre rôle, alors n’attendez pas et lancez-vous.

Rien n’est impossible avec de la volonté, et ensemble, en se soutenant, nous pouvons faire de grandes choses ! Alors aidons-nous mutuellement et aidons les animaux à faire entendre leur voix ♥

En résumé ! Célia incarne le porte-parole des animaux en souffrance, sans défense, négligés ou maltraités. Elle exerce le beau métier d'enquêteur pour la protection animale et s’engage bénévolement dans d’autres associations caritatives. C’est à la portée de tous de soutenir et d’aider à la hauteur de ses moyens les refuges animaliers, votre SPA locale ou les médias consacrés à l’animal. Vous pouvez donner un peu de votre temps, un petit don (défalquable de vos impôts), signer des pétitions qui vous tiennent à cœur ou nous lire et partager ces beaux témoignages autour de vous. Pensez à participer aux évènements organisés sur votre commune en faveur de la cause animale ou dans un de nos magasins Zoomalia proche de chez vous. C’est déjà beaucoup :)