Qu'est ce que la leishmaniose du chien ?
- Comment les chiens se contaminent-ils ?
- Quels sont les symptômes de la maladie ?
- Comment protéger mon chien ?
La leishmaniose est une maladie potentiellement grave voire mortelle, due à un parasite appelé Leishmania Infantum. Son incidence est en augmentation ces dernières années.
Comment les chiens se contaminent-ils ?
Les chiens contractent la Leishmaniose suite à la piqûre de petits insectes volants appelés Phlébotomes. Ils ressemblent à de petits moucherons d’environ 2 à 3 millimètres, très velus et très silencieux. Ces insectes ont besoin de chaleur et d’humidité et sont donc actifs en zone tropicale, ainsi qu’en zone tempérée durant les mois chauds. C’est pourquoi les régions « à risque » de Leishmaniose sont le bassin méditerranéen et l’Europe du sud (Portugal, Espagne, Italie, Grèce…), plus particulièrement entre Juillet et Septembre. En raison d’une extension progressive vers le nord ces dernières années, tout le sud de la France est concerné. Cette extension pourrait être due, entre autres, au changement climatique.
Les phlébotomes se reproduisent dans les endroits humides comme les excréments, les tas de fumier ou les terriers d’animaux. Ils volent assez mal et s’éloignent généralement peu de leur foyer.
Chez les phlébotomes, seule la femelle pique. La journée, elle reste tapie dans des recoins sombres et humides. Elle est active la nuit et au crépuscule. Les chiens qui passent la nuit dehors sont donc particulièrement exposés, et peuvent être piqués plusieurs centaines de fois au cours de la nuit. Les piqures concernent surtout les zones peu poilues comme les oreilles, les paupières ou le museau.
En piquant, le phlébotome inocule des Leishmanies dans le derme du chien, qui vont se disséminer dans tout l’organisme et aller se localiser dans les tissus au sein de cellules appelée macrophages.
Une fois infecté, le chien peut contaminer d’autres phlébotomes, qui vont à leur tour propager le parasite. Il faut savoir que l’Homme peut également attraper cette maladie s’il est piqué par un phlébotome contaminé. Les enfants et les personnes immunodéprimées sont les plus sensibles. C’est une maladie très préoccupante dans les régions tropicales. En France, la transmission du chien à l’homme en l’absence de vecteur reste tout à fait exceptionnelle, mais il faut garder à l’esprit que le chien peut être un réservoir de Leishmanies.
Quels sont les symptômes de la maladie ?
Lorsqu’un chien est infecté par la Leishmaniose, deux scénarios sont possibles :
-Il peut rester porteur asymptomatique, c’est-à-dire qu’il est infecté, mais ne manifeste aucun symptôme. C’est ce qu’il se passe dans la majeure partie des cas. Toutefois, ces chiens porteurs asymptomatiques représentent quand même un réservoir de Leishmanies, et donc une source d’infection. La maladie peut parfois rester silencieuse tout la vie du chien, mais elle est susceptible de ressurgir à tout moment, à la faveur d’un stress ou d’une baisse de l’immunité, comme lors d’un quelconque problème de santé.
-Ou alors, il peut exprimer des symptômes parfois sévères.
L’âge joue un rôle dans l’expression de la maladie : on observe un pic chez les jeunes chiens de moins de 3 ans, et un second pic chez les chiens de plus de 8 ans.
Par ailleurs, certains chiens résistent mieux à la maladie, alors que d’autres y sont plus sensibles. La génétique y serait vraisemblablement pour quelque chose. Cela expliquerait également pourquoi certaines races comme le Berger Allemand, le Boxer et le Rottweiler expriment plus souvent la maladie, et que d’autres comme l’Ibizan paraissent résistantes.
Lorsque la maladie s’exprime, elle touche tout l’organisme, et les symptômes peuvent être très variés. Après une phase d’incubation qui peut aller de trois mois à plusieurs années, le chien est souvent en mauvais état général, amaigri et léthargique. On peut avoir l’impression qu’il a pris «un « coup de vieux ». Une fièvre est éventuellement présente.
Classiquement on peut observer des lésions cutanées sans démangeaison (dépilations, pellicules, nodules…) et un gonflement des ganglions. Une atteinte rénale chronique est souvent présente, c’est pourquoi il arrive que les chiens infectés boivent et urinent beaucoup. Les autres symptômes courants sont un gonflement articulaire qui peut être à l’origine d’une boiterie, une diarrhée et des vomissements, des saignements de nez et parfois des lésions de l’œil et des tissus qui l’entourent (œil rouge et larmoyant, inflammation des paupières…). Chez certains chiens, on peut également observer une pousse anormalement rapide des griffes : c’est ce que l’on appelle l’onychogriffose.
La Leishmaniose est une maladie chronique, qui évolue lentement vers la mort du chien.
Devant une telle variété de symptômes, le diagnostic est souvent difficile sans avoir recours à des examens complémentaires. Une prise de sang ou une analyse d’urine pourront aider le vétérinaire à affiner son diagnostic, par exemple en mettant en évidence une anémie ou une atteinte rénale. Il existe également des tests spécifiques réalisables à partir de prélèvements de sang, de ponction de moelle osseuse ou de ganglion ou d’une biopsie cutanée. Le vétérinaire vous proposera alors le test diagnostic le plus pertinent selon la situation de votre chien.
Plusieurs traitements spécifiques existent. Le plus employé est une association de deux molécules (l’Antimoniate de méglumine et l’allopurinol) qui semble apporter une rémission satisfaisante des symptômes au bout de quelques semaines, avec des effets secondaires généralement limités. Assez long, il doit être rigoureusement suivi pendant plusieurs mois au minimum, voire plusieurs années et même parfois pendant toute la vie du chien. Cela peut donc représenter un budget assez conséquent. L’antimoniate de méglumine se présente généralement sous forme injectable, et l’allopurinol s’administre par voie orale.
Le traitement ne permet pas au chien de se débarrasser définitivement des Leishmanies. Son efficacité est variable et dépend beaucoup du chien lui-même et de l’avancement de la maladie. Dans tous les cas, il peut permettre d’atténuer et de supprimer les symptômes pour une période plus ou moins longue, voire définitivement, mais le chien reste porteur des parasites. Par conséquent, les rechutes sont fréquentes dans l’année qui suit l’arrêt du traitement. Il est donc important de réaliser un suivi vétérinaire régulier tout au long de la vie du chien.
A ce traitement spécifique peut s’ajouter, au besoin, un traitement symptomatique adapté aux symptômes du chien (collyres, perfusions…)
Le traitement est donc long et difficile, les rechutes sont fréquentes et le pronostic toujours réservé, d’autant plus que l’atteinte rénale souvent présente peut être irréversible. Ainsi, le vieil adage « mieux vaut prévenir que guérir » est particulièrement bien adapté au cas de la Leishmaniose.
Comment protéger mon chien ?
La meilleure façon de protéger votre chien contre la Leishmaniose reste de le protéger contre son vecteur : les phlébotomes. Ainsi, si vous devez l’emmener avec vous dans une zone à risque, essayez dans la mesure du possible de le garder en intérieur le soir et la nuit, lorsque les insectes sont actifs.
Attirés par la lumière, les phlébotomes peuvent aussi tenter de rentrer dans les maisons le soir. C’est pourquoi l’usage de produits répulsifs est très utile. Ils peuvent être appliqués dans votre logement (pulvérisations autour des portes et fenêtres, moustiquaires à mailles fines imbibées d’insecticide) et directement sur le chien sous forme de pipettes, de sprays ou de colliers. Les colliers doivent être placés au minimum 1 semaine avant le départ, et ont une durée d’action de plusieurs mois. Les pipettes et spray agissent plus rapidement (quasi-immédiatement pour les sprays) mais offrent une protection plus brève. Votre vétérinaire saura vous conseiller à ce sujet.
Ces mesures préventives peuvent suffire si vous voyagez de façon ponctuelle et pour un laps de temps assez court.
En revanche, si votre chien effectue régulièrement des séjours prolongés dans des zones à risque, ou si vous y vivez à l’année, un vaccin existe depuis quelques années pour réduire le risque de développer des symptômes en cas d’infection. Il peut être réalisé dès l’âge de 6 mois sur des chiens qui ne sont pas encore infectés, ce qu’il faut contrôler au préalable. Le schéma de vaccination général comporte trois injections de primo vaccination suivies de rappels annuels. Bien entendu, le vaccin doit être réalisé en complément des mesures précédentes car il ne protège que partiellement contre la maladie. Il est particulièrement important pour les personnes vivant en région à risque de Leishmaniose d’être très assidues en ce qui concerne les traitements insecticides de leur chien. La nécessité de vacciner ou non votre chien pourra être discutée avec votre vétérinaire.
Pauline Denoeux